Origine et signification du  wabi-sabi

Les termes wabi-sabi sont employés un peu à toutes les sauces, actuellement. Ils sont associés à une certaine esthétique japonaise qualifiant une architecture, du design de meubles et d’objets et même à des oeuvres d’art. Cela m’a donné envie d’effectuer des recherches pour en mieux comprendre le sens. Voici donc l’article issu de mes investigations que j’espère, vous aurez plaisir à lire…

Historiquement, wabi et sabi n’étaient pas associés . Le terme  wabi vient de la cérémonie du thé du Japon du 15ème siècle. Les japonais parlent d’une émotion wabi-sabi provoquée par une « rencontre esthétique. »

 

 

Origine

On retrouve le mot « sabi »dans le « Recueil des dix mille feuilles, le Manyoshu, anthologie de poésie japonaise datant du 8 ème siècle.  A cette époque, le modèle culturel pour les japonais était la Chine. « Sabi »avait alors le sens « d’être affligé ». Il migre ensuite dans toutes les formes d’art. Au 12 ème siècle , il signifiait « prendre plaisir à ce qui est « vieux, passé , imparfait, dépareillé, sombre ».

Le mot  « wabi », quant à lui, arrive avec une nouvelle forme de pratique de la cérémonie du thé : wabi-cha avec Murata Shuko , au 15 ème siècle. Wabi est tiré également du Manyoshu et signifie « s’excuser profondément , humblement « . Dans le contexte de la cérémonie du thé, d’autres connotations poétiques s’ajoutèrent: « pauvre, dénué de confort, solitaire… » Le Japon, durant cette période a pâti de guerres continuelles provoquant des revers de fortune. Les riches japonais  perdirent parfois leurs précieux services à thé en porcelaine de Chine qu’ils remplacèrent par de la vaisselle grossière et irrégulière fabriquée au Japon.

 

Un accommodement esthétique

La cérémonie du thé se faisait dans des cabanes petites et isolées avec très peu de mobilier, à même le sol. La notion de  « non-conformisme » devint une priorité pour les maîtres de thé. Ils mêlaient objets coûteux et bon marché , réputés et inconnus,  anciens et nouveaux. Les bols de riz usés voire fêlés étaient utilisés comme bols à thé. Une image de » pauvreté distinguée » se développait.

Loin des soucis du monde extérieur et des conventions, une élite culturelle y développait  des nouvelles valeurs artistiques et philosophiques .

Sen no Rikyû , maître vénéré de thé wabi avait étudié dans un monastère zen. Il considérait que l’objet le plus important dans la chambre à thé était un rouleau d’une calligraphie d’un bouddhiste éveillé.

 

Déclin du « wabi-cha »

Les classes sociales aisées commencèrent à s’agacer de voir les marchands-maîtres de thé  décréter quel objet était wabi ou pas. A la fin des années 1500, le Japon s’unifia avec un retour à l’ordre et le rétablissement des principes hiérarchiques. Les marchands furent évincés de l’élite culturelle  et le thé wabi devint un canon artistique nippon, encadré par des règles.

A la longue, personne ne différencia plus les termes wabi et sabi.

 

 

Quel sens donner au Wabi-sabi ?

  • Daitsetz Teitaro Suzuki, bouddhiste zen influent, attribuait le terme sabi aux objets et wabi aux aspects émotionnels . La frontière restait toutefois ténue entre les deux termes …

Le wabi-sabi  apparaît comme un système esthétique entier qui tend à se rapprocher de la Nature, offrant à l’homme, spiritualité, bien-être émotionnel , un autre regard sur la matérialité et une certaine moralité. Le but de ce courant est d’accepter le temps qui passe sur les objets, voir la beauté qui en découle ,  se défaire du superflu, aller à l’essentiel à savoir la valeur intrinsèque de toute chose.Les objets n’ont pas besoin d’être lisses, réguliers, prétentieux pour être beaux.

 

 Le sens  donné au wabi-sabi, au 21ème siècle

  • Léonard Koren, dans son livre « Wabi-sabi , pour aller plus loin » explique sa recherche sur les concepts wabi-sabi. Il parle de  » beauté émanant des objets qui nous fait nous sentir plus vivants et reliés au monde. Ces sentiments s’accompagnent d’un fort sentiment de vérité, de bonté et/ou d’amour. »
  • Le terme actuel wabi-sabi désignerait une « esthétique autre » qui se différencierait de la convention esthétique dominante.
  • La beauté wabi-sabi est une perception et non une propriété intrinsèque des objets . C’est percevoir de l’extraordinaire dans quelque chose de banal ou commun.
  • Wabi-sabi implique une idée d’irrégularité, imperfection entraînant de l’empathie.

 

Marketing wabi-sabi

Aujourd’hui, les designers font de l’architecture, du mobilier, de la vaisselle, de l’art wabi-sabi. Des procédés de vieillissement artificiel sont utilisés sur du neuf.

N’est-il pas antinomique de créer du wabi-sabi ? A l’origine, l’homme intervenait peu et  laissait « faire le temps. » L’objet même n’était pas wabi mais l’émotion esthétique provoquée par son aspect défraîchi, usagé porteur d’une histoire. On peut affirmer que c’est au contemplant de l’objet et non au fabriquant  de baptiser l’objet sabi-wabi

Posséder des objets wabi-sabi issus du commerce n’enlève rien à la matérialité et ne nous transforme pas en consommateurs supérieurs car plus éclairés !

Cela n’empêche nullement de trouver très esthétiques les objets de créateurs danois tel  Muubs qui se revendique du courant wabi-sabi

 

 

Pour aller plus loin, je vous conseille la lecture du livre de Léonard Koren , architecte et théoricien du design et de l’esthétique, cité précédemment dont je me suis inspirée pour réaliser cet article.

Une petite vidéo en +

 

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